Rencontre avec le porte-parole du collectif Les forces de l’ordre avec Eric Zemmour
Entretien avec Maurice SIGNOLET, Commissaire Divisionnaire Honoraire de la Police Nationale, porte-parole du collectif « Les forces de l’ordre avec Eric Zemmour »
Pourriez vous nous dire ce qui vous a amené à vous engager auprès d’Éric Zemmour ?
Je vais vous surprendre, je suis entré dans la Police Nationale au milieu des années 70… par romantisme ! Cette période marquait la queue de comète des « Trente Glorieuses », la société française étant encore imprégnée de valeurs interpersonnelles fortes comme la probité, la respectabilité, l’honnêteté, l’importance de l’image que l’on donne de soi. Le quotidien du policier était alors un peu « l’extra – ordinaire » des autres, les auteurs d’exactions eux-mêmes assumant leur marginalité. Être Policier vous conférait alors une forme de notoriété romanesque.
Dans les années 80, un courant hédoniste fortement marqué par l’apologie de la transgression, de la reconnaissance des tropismes, des particularismes, voire des étrangetés, a entraîné une légitimation de dérives comportementales y compris dans le domaine de la délinquance. Les curseurs d’appréciation « de la norme », c’est-à-dire ce qui permet par l’acceptation du plus grand nombre de déterminer des règles d’équilibre, disparaissaient au profit d’une grille de lecture sociétale aléatoire, circonstancielle, tolérante jusqu’à l’excuse, rejetant par dogme la sanction par essence stigmatisante et déniant toute légitimité à la coercition policière par définition arbitraire. Dès lors, policiers, gendarmes, magistrats, mais plus largement toute personne investie d’une simple fonction d’autorité, voyaient leur statut de régulateurs institutionnels disparaître pour incarner une simple force répressive à la légitimité contestable. Une « colucharisation » des esprits allant de la dérision médiatique convenue aux jets d’engins incendiaires sur des policiers. Une même dynamique, mais des moyens variant au gré des capacités d’expression de chacun…
Sans cette contextualisation généalogique, on ne peut pas comprendre le niveau de délinquance auquel nous sommes aujourd’hui confrontés et qui relève désormais d’un marasme civilisationnel sans précédent. Un temps considéré comme l’expression de simples « incivilités », et désormais appréhendé, y compris par ceux qui y ont contribué, comme un « ensauvagement », ce marasme, je ne peux m’y résoudre. Mon vécu de 40 ans d’expérience professionnelle me confère une expertise que je souhaite mettre à disposition du seul homme politique qui propose un Destin à la France et non un Avenir. La nuance est d’importance : le Destin vise l’équilibre du lointain, l’avenir se contente d’envisager la relativité du lendemain.
Quelles mesures sont nécessaires pour lutter contre l’insécurité ?
Tout d’abord, il faut redéfinir la Nation comme étant notre socle sociétal de référence, caractérisé par l’homogénéité d’un peuple et d’un territoire et non l’hétérogénéité d’une population et d’un espace. En se référant à l’axiome politique de Montesquieu « ce qui n’est pas utile à l’essaim, n’est pas utile à l’abeille », il sera nécessaire de décliner de façon législative et organisationnelle des mesures visant à « reconquérir » la Nation. Par exemple, en matière pénale, il faudra réhabiliter la sanction par son caractère obligatoirement exécutoire, expiatoire et dissuasif, de même que la réhabilitation de la procédure inquisitoriale qu’elle soit policière ou judiciaire pour lui redonner toute sa légitimité.
Au niveau organisationnel, technique, il faudra se référer cette fois à Clémenceau, créateur des fameuses « brigades du tigre » préfigurant la Police Judiciaire qui déclarait : « le seul devoir d’un gouvernement c’est de faire en sorte que les honnêtes gens soient en paix, que les autres ne le soient pas ! »
En son temps (1907 !), il fallait adapter les forces de l’ordre aux nouvelles formes de délinquance, en les dotant de moyens motorisés. Il fallait donc maîtriser l’espace. Les enjeux d’aujourd’hui diffèrent largement et visent cette fois à maîtriser le temps. Éradiquer les centaines de foyers quasi insurrectionnels que représentent les cités de la banlieue nord de Marseille ou les bastions délinquants de Seine Saint Denis ne pourra se faire qu’en appliquant une stratégie d’éradication. Il faudra abandonner le « réactif » qui ne fait que gérer le ponctuel et régit aujourd’hui toute l’action des forces de l’ordre, au profit du « pro-actif » qui est entièrement à construire. En clair, passer de la pathétique gesticulation que l’on connaît depuis l’ère Sarkozy et son clone ministériel d’aujourd’hui, à une orchestration institutionnelle adaptée. C’est bien sûr possible. Il suffit d’en avoir la volonté politique et d’exiger des instances hiérarchiques qu’elles délaissent leurs « turpitudes de carrière opportunistes » et qu’elles fassent la démonstration de leurs compétences. Policiers et gendarmes n’attendent que cela, rien d’autre. Pour y parvenir il ne faudra plus que les missions s’adaptent aux contingences des institutions et leurs cohortes de revendications corporatistes, mais l’inverse ! La « pro-action » suscitera une redéfinition des missions « par métiers » : investigation et renseignement – maintien de l’Ordre – sécurité de proximité – immigration et contrôle des frontières. Cette lisibilité des missions et leur pérennisation en permettra leur évaluation et donc leur efficience.
Que représente aujourd’hui le collectif « forces de l’ordre avec Eric Zemmour » ?
Nous sommes un très grand nombre de policiers et gendarmes, actifs ou retraités à avoir rejoint le collectif « forces de l’ordre avec Eric Zemmour », sachant cependant que le « devoir de réserve » interdit à l’immense majorité de s’exprimer. C’est pour ceux, qui, dans l’obligation du silence, sont blessés, meurtris, humiliés, et qui cependant risquent leur vie quotidiennement au service des autres, que nous avons choisi de nous engager. Policiers, gendarmes mais également douaniers, personnels pénitentiaires, policiers municipaux, dans l’abnégation, la loyauté, le dévouement, le sacrifice, nous mesurons depuis des décennies le manque de discernement des politiques ou, bien pire, leur manque de courage….
Nous ne pouvons plus nous résigner à ce désastre annoncé, à cet inexorable chaos. C’est pour cela que nous rejoignons Eric Zemmour.