Rencontre avec le co-fondateur du collectif Les Profs avec Zemmour
Quelques questions à Martial Bonnet, professeur agrégé de Lettres Modernes, enseignant en éducation prioritaire dans un lycée du Val-de-Marne.
GZ : Pourquoi avoir fondé le collectif Les Profs avec Zemmour ?
Martial Bonnet : Avec quelques collègues, nous avons fondé le collectif cet été afin de défendre l’idée d’une candidature d’Éric Zemmour pour l’élection présidentielle de 2022, afin aussi de redonner ses lettres de noblesse à l’école française. Nous sommes une centaine de collègues dans le groupe, issus de toute la France, représentant toutes les fonctions de l’Education nationale, du primaire au supérieur, de l’enseignement comme de l’encadrement. Notre pétition publiée sur le site du FigaroVox a rassemblé environ mille signataires.
GZ : Quelles sont les grandes lignes de votre projet ?
M.B : Nous dénonçons les politiques d’éducation menées ces trente dernières années, notamment la catastrophe du collège unique, ou la mise en place de pédagogies délétères, qui ont accompagné, voire provoqué, l’effondrement du niveau des élèves. Notre projet est de remettre la méritocratie et l’excellence au centre du système scolaire, pour tous, et en fonction des singularités de chacun.
« Remettre la méritocratie au cœur du système »
GZ : Vous êtes professeur de Lettres, comment faites-vous pour susciter l’intérêt de vos élèves et leur faire aimer Hugo, Baudelaire, les classiques de notre littérature ?
M.B : Je pense tout d’abord qu’il faut prendre son temps. Ainsi, avant de lire ces œuvres, un travail de grammaire est nécessaire au préalable, par exemple pour comprendre la langue de Racine. Or, non seulement on a diminué ces dernières décennies les heures dévolues à l’enseignement de la grammaire, mais on a même dénoncé un tel enseignement, comme étant un « étiquetage stérile » ! Le résultat, c’est que les élèves d’aujourd’hui ne sont plus armés intellectuellement pour comprendre la syntaxe d’un vers racinien. Avec du temps, de la rigueur, et de la passion, les textes classiques « parlent » énormément à nos élèves.
GZ : Comment remédier à ces lacunes ?
M.B : Tout d’abord, en améliorant le niveau de qualification des enseignants et en renouant avec l’exigence, qui est une forme de respect à l’égard du potentiel de nos élèves. Mais le bât blesse également du côté du niveau des enseignants, élèves eux-mêmes de cette école des années 1980… Il faut élever le niveau de qualification des concours professoraux et rendre le métier plus attractif. Cela passe notamment par une revalorisation des salaires des enseignants, mais pas seulement : beaucoup de collègues souffrent aujourd’hui en raison d’un état d’esprit démissionnaire de l’institution face aux violences et à l’indiscipline par exemple. Également, je serais favorable à ce que tous les élèves bénéficient a minima d’une initiation aux langues anciennes, latin et grec, dès leur entrée au collège. Il faut faire l’exact inverse des réformes précédentes qui prétendaient combattre la reproduction des inégalités en nivelant le niveau et en faisant disparaître les filières jugées élitistes.
« Améliorer le niveau de qualification des enseignants »
GZ : En tant qu’enseignant, comment avez-vous vécu l’assassinat de Samuel Paty ?
M.B : L’assassinat de Samuel Paty a été quelque de chose de difficile à vivre pour tous les professeurs. J’ai passé les vacances de la Toussaint à ruminer, j’ai d’abord ressenti de la colère puis les émotions passées, je me suis tourné vers la raison. J’ai passé beaucoup de temps à préparer un cours solide pour mes élèves, pour contextualiser, et essayer d’approcher ce drame dans sa complexité, en leur donnant des connaissances culturelles ou historiques. La littérature est là pour les aider à dépasser le tragique de notre époque. Il y a tout un héritage français à reconquérir, pour chacun d’eux.