Quels alliés européens pour Eric Zemmour ?
Avec quels pays européens partageant son idéologie Eric Zemmour pourrait-il former une alliance pérenne ?
Zemmour à Budapest
Le 22 septembre dernier, Eric Zemmour était en déplacement en Hongrie, à l’invitation de son président Viktor Orban pour le sommet international sur la démographie. Les deux hommes s’entendent bien, Zemmour défenseur du modèle hongrois s’était notamment opposé à la vision autoritaire que la caste politique française attribuait à ce pays d’Europe centrale.
« Je ne pense pas que Viktor Orban soit un dirigeant autoritaire. Il dirige son pays et il ne se laisse pas intimider par ni les minorités, ni les médias, ni le gouvernement des juges. C’est exactement ce qu’il faudrait en France, ça ne veut pas dire un gouvernement autoritaire. » [1]
A titre de comparaison, Viktor Orban n’avait alors jamais reçu Marine Le Pen, pourtant une alliée au sein de l’Union Européenne, contrairement à sa nièce Marion Maréchal, elle aussi conviée à l’occasion de ce sommet.
Cette rencontre cordiale est le symbole d’une division interne dans l’Union Européenne entre les libéraux humanistes tels qu’ils se décrivent eux même, et les conservateurs patriotes honnis par les premiers. C’est donc l’occasion idéale, de dresser brièvement bien sûr, le panorama de cette vieille Europe qui résiste et qui pourrait être demain l’alliée d’un président Zemmour.
Le groupe de Visegrad
Au sein de l’Union on retrouve un nom qui revient souvent dans le répertoire des conservateur : Visegrad. Pourtant, à son origine, le “triangle de Visegrad” sert les ambitions européennes de leurs membres. En 1991, les premiers dirigeants post soviétiques de Polognes, de Hongrie et de Tchécoslovaquie se réunissent et fondent le groupe de Visegrad. Ils se promettent mutuellement assistance et affichent comme objectif commun de rejoindre l’Union européenne et son économie florissante.
Ironiquement, c’est à présent ce même quatuor (passage à quatre membres avec la partition de la République Tchèque et de la Slovaquie) qui donne des sueurs froides aux dirigeants européens, en particulier la Pologne et la Hongrie qui subissent chantages et menaces pour revenir dans le rang. Récemment c’est la Pologne qui a subi les foudres européennes après une réforme de la justice jugée autoritaire par Bruxelles qui sera finalement amendée de la partie contestée. Une crise polonaise ayant entraînée par ailleurs l’émergence en sein du pays d’un début de débat sur un POLEXIT, chacun essayant de profiter de la crise pour rallier un électorat pourtant unanime (+70%) au maintien dans l’Union. [2]
Des pressions Bruxelloises contre-productives
Il faut comprendre que pour s’imposer, en Pologne comme en Hongrie voisine, l’Union européenne n’hésite pas a mettre dans la balance les fonds de relance, créés suite à la crise du Covid [3]. Réalistes sur le coup de ce bras de fer, les dirigeants conservateur se contentent pour le moment de négocier, comme on l’a vu en Pologne, sans céder totalement aux injonctions européennes. Elles se servent de leur côté de leur droit de veto, ce qui avait entraîné cet été un retard dans la mise en place de ces mêmes plans de relance.
Malmenés par l’Union Européenne, ces dirigeants tiennent bon et pour le moment cela paye ! (électoralement au moins). En 2020, le président polonais Andrzej Duda, du parti conservateur Droit et Justice, remportait un second mandat contre son adversaire libéral. Victoire d’une courte tête certes, 51% contre 49, mais avec un score au premier tour de 41% soit 8 points de progression pour ce parti depuis la dernière élection ! Les polonais semblent donc satisfait de ce premier mandat, et ce au grand dam de “démocrates” bruxellois.
Enfin, on a appris le 7 octobre que le Tribunal Constitutionnel polonais ( équivalent du Conseil Constitutionnel Français) “considère des articles des Traités UE incompatibles avec la Constitution nationale” [4] ! Sans doute faut-il y voir le résultat du déni démocratique européen sur sa Constitution. En 2005 la France avait refusé par référendum une Constitution européenne supérieure à la Constitution nationale suite à quoi la Pologne avait de facto annulé son propre vote. Tout comme les Français, les polonais n’avait pas eu leur mot a dire sur les réformes apportes par le traité de Lisbonne en 2007, qui avalisait la supériorité du droit européen sur le droit Français, un déni démocratique que la Pologne n’accepte plus aujourd’hui !
En 2018, lors des élections législatives hongroises, Viktor Orban avait lui même recueilli 49% des voix, lui aussi en progression de 4 points ! Il semble qu’essayer le patriotisme, en Europe centrale, c’est l’adopter. Pour la Slovaquie et la République Tchèque, les analyses demeurent en revanche plus complexes, les gouvernements sont le fruit de coalitions entre des partis qui sur le papier tout oppose mais qui n’hésitent pas à se rassembler pour partager le pouvoir (chacun ayant des scores allant jusqu’à 25% au mieux). On peut noter en revanche la progression dans ces pays de partis ouvertement nationalistes et de la droite en général face aux socialistes qui régressent pour laisser la place à des partis progressistes/écologistes plus modernes.
Une alliance possible avec la France ?
Il est certains que ces gouvernements, en particulier Hongrois et Polonais et Eric Zemmour partage une même vision de l’Union européenne, autoritaire et idéologue. Les dirigeants conservateurs, pourtant opposés à une sortie de l’Union, vivent mal les “recommandations” pour ne pas dire les ordres de Bruxelles et son implication dans des politiques interne aux noms des Droits de l’Homme. Sans doute qu’eux aussi verraient d’un bon œil la suppression de la Cour Européenne de Justice, voulue par Eric Zemmour, qui par ces décisions s’opposent aux volontés exprimées par leurs peuples.
Dans l’esprit de Eric Zemmour c’est en tout cas cette alliance souhaitable pour contrer l’idéologie pseudo-humaniste des technocrates européens. Le 12 décembre 2019, alors qu’il n’était alors que simple écrivain il déclarait que : « Nous devrions nous allier au groupe de Visegrád pour protéger notre identité ». Une prise de position claire, comme à son habitude, dont l’hypothétique réalisation doit déjà ravir les conservateurs européens, expliquant le bon accueil [5] reçu par le presque candidat à Budapest il y a quelques semaines.
Zemmour en France, Orban en Hongrie et Duda en Pologne, une nouvelle alliance de l’Europe Continentale est peut être en train de voir le jour. Une entente qui, si elle devait se réaliser, pesait lourd dans l’équilibre des forces européennes. Avec les 70 millions de français, et les 60 millions cumulés du groupe de Visegrad, il y aurait la colonne vertébrale d’un mouvement de fond vers un basculement idéologique européen.
Nations ouvrières du centre et de l’est, nation bourgeoise française, rassemblées au sein d’un même mouvement pour l’identité européenne, ne pourrait-on pas y voir, la renaissance de l’idéal gaulliste à l’échelle de l’Europe ?
ASD
Rédacteur
[1] https://visegradpost.com/fr/2019/12/12/eric-zemmour-nous-devrions-nous-allier-au-groupe-de-visegrad-pour-proteger-notre-identite/
[2] https://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/pologne-tout-comprendre-au-recul-sur-la-reforme-de-la-justice_2156209.html
[3] https://www.lemonde.fr/international/article/2021/07/26/crise-en-vue-avec-la-hongrie-et-la-pologne-sur-le-plan-de-relance-europeen_6089597_3210.html
[4] https://www.rfi.fr/fr/en-bref/20211007-pologne-le-tribunal-constitutionnel-consid%C3%A8re-des-articles-des-trait%C3%A9s-ue-incompatibles-avec-la-constitution-nationale
[5] https://www.lexpress.fr/actualite/zemmour-en-territoire-ami-a-budapest_2159129.html