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Mélenchon : une poule dans la cage aux phobes

Jeudi dernier, Jean-Luc Mélenchon participait à l’émission Face à Baba. Entre insultes, mépris et agressivité insupportable, le candidat de la France Insoumise s’est ridiculisé pendant plus de deux heures. Génération Z revient sur ce naufrage en direct. 

Jean-Luc Mélenchon est actuellement le candidat de gauche le plus haut dans les sondages à l’élection présidentielle. Il gravite autour de 10% des intentions de vote, ce qui est bien plus que les autres candidats de gauche. Il a ainsi la responsabilité de porter la voix des électeurs de gauche, qui pourraient éventuellement se rallier à lui lors du scrutin du premier tour. En un mot, il est le candidat le plus à même de réaliser l’union de la gauche dont il est question depuis des mois. 

Pour ceux qui ne sont pas familiers avec cette émission, Face à Baba est animée par Cyril Hanouna. Le concept est le suivant : une personnalité politique est invitée et confrontée à divers intervenants qui sont soit en accord, soit en désaccord de fond avec elle. 

Cette émission était importante pour Mélenchon : une occasion de briller sur une plage horaire d’affluence télévisée (l’émission a réalisé autour de 10% d’audimat), auprès d’un animateur télé dont le succès n’est plus à prouver. Mélenchon avait donc toutes les raisons de se présenter en candidat implacable, sûr de lui et de ses convictions. C’était l’instant ou jamais pour lui de montrer sa capacité à fédérer la gauche et à être un dirigeant digne de ce nom face à des opposants.

Que dire de Jean-Luc Mélenchon dans son passage dans Face à Baba ? Que dire de sa prestation ? 

Pour répondre à cette question, et puisque ce n’est pas dans l’entre-soi qu’on peut juger la capacité d’un homme à débattre, nous analyserons deux cas probants d’opposition à Mélenchon et nous verrons comment celui-ci y a fait face.

Mélenchon face à Zemmour : deuxième round

C’était la partie tant attendue. L’émission a commencé avec force car elle nous a directement servis le match retour du fameux débat qui avait eu lieu il y a quatre mois sur BFMTV. Nous avons eu cette fois-ci Zemmour dans le rôle de l’homme qui pose les questions et Mélenchon dans le rôle de celui qui répond. Il s’agissait de l’opportunité parfaite pour le candidat de la France Insoumise de montrer ses qualités d’orateur et de rhétorique aux Français - car ne soyons pas de mauvaise foi, s’il y a bien une qualité que l’on ne peut nier à Mélenchon, c’est bien sa capacité à haranguer les foules.

Au départ, nous avons eu affaire à un Mélenchon humble, qui a reconnu qu’Éric Zemmour « représente incontestablement un courant dans ce pays […], il suffit de regarder les résultats de sondage, les choses qui se disent autour de nous ». Il ajoute même : « Nous sommes en démocratie, mon devoir est de m’affronter à lui parce que nous sommes sur deux positions radicalement opposées » avant de terminer sur : « notre souverain, c’est le peuple », constat évidemment partagé par Éric Zemmour. Jean-Luc Mélenchon a ensuite affiché une posture d’homme conquérant, lançant un « je vais vous hacher menu », suivi d’un « je ne vous raterai pas », sur un ton calme et posé avec un sourire assuré. 

Jean-Luc Mélenchon est même parvenu à faire un développement argumenté sur son concept de créolisation. Ce serait, a-t-il expliqué, un processus naturel. L’immigration n’est pas un problème, elle serait en réalité créatrice de quelque chose de positif. Il ne faut reconnaitre qu’un « fait » observé durant l'histoire. Et Jean-Luc Mélenchon d'ajouter que tout est sujet à créolisation : culture, langue, coutumes, gastronomie, couleur de peau… tout en précisant par la suite que les religions échappent à ce mécanisme. Même en reconnaissant ce processus cher au dirigeant de la France Insoumise, on retombe sur cette idée zemmourienne (mais pas que), que l'immigration massive en provenance des pays musulmans n'est pas compatible avec notre civilisation occidentale issue de siècles de christianisme. Il serait donc acceptable, au nom du bon déroulement de la créolisation, de refuser l’entrée massive de migrants qui ne pourraient pas se mélanger à la population française. 

Mais la confiance tant affichée au départ s’est vite révélée n’être qu’une façade. Le masque est vite tombé, l’humilité a laissé place à l’agacement, à l’énervement. Les « bobobo » après quelques minutes, l’insulte de « facho » lancée peu après, précédée de « un… un… un… », caractéristique d’une perte de moyens, ont laissé entrevoir un Mélenchon fébrile, prêt à exploser. 

La suite n’a fait que donner raison à ce constat. Taclé sur ses changements de position sur la religion, Jean-Luc Mélenchon est monté sur ses grands chevaux. Les « blablabla », les imitations de canard qui ont ensuite laissé place aux imitations de poule sont venues ponctuer un « débat » qui ne faisait que s’enfoncer à mesure que le temps passait. Et quelle disgrâce, pour quelqu’un qui accuse Éric Zemmour « d’arranger l’histoire de France », de réfuter l’athéisme qui caractérise la moitié de la vie de Diderot et de réfuter le fait que Voltaire croyait en Dieu alors qu’il était déiste…

Par la suite, Jean-Luc Mélenchon a utilisé le mot « secte » pour désigner Éric Zemmour et les idées qu’il représente. Cette accusation donne soit envie de pleurer, soit de rire quand on sait que 41% des Français sont pour une immigration zéro selon un sondage IFOP d’octobre 2021. Un autre sondage, encore plus récent de Cevipof réalisé sur 10 566 Français montre que 63% des français pensent qu’il y a trop d’immigrés en France. Jean-Luc Mélenchon parlait d’une minorité, d’une caste ; comme disait Éric Zemmour un peu plus tôt « le réel vous dérange ».

Marc Bloch disait : « Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l'histoire de France, ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération. » Jean-Luc Mélenchon est manifestement de ceux qui ne comprennent pas l'histoire de France. La négation de l’histoire millénaire de la France, de l’importance de la religion dans sa formation, l’idée de rapprocher les gallo-romains et la créolisation qu’il défend sont la preuve de son mépris de notre passé. La négation de ce qu’a fait la République aux religions pour tendre vers l’harmonie, et le refus de l’appliquer à l’Islam sont une preuve du revirement d’un Mélenchon qui est passé de la laïcité à l’islamo-gauchisme. Combattre l’Islam dans sa forme actuelle, qui impose la charia, serait pourtant logique avec la valeur d’égalité de la République, puisque les autres religions ont subi le même sort.

Les minutes se sont enchaînées, et le débat est devenu de plus en plus insupportable. Face à un Zemmour qui gardait son calme, nous avons eu un Mélenchon qui perdait de plus en plus ses nerfs et qui était aveuglé par sa haine et par sa volonté de ne pas être d’accord avec Éric Zemmour. Interrogé sur ce qu’il ferait des immigrés clandestins, il a éludé la question et tenté un peu d’humour. Il a refusé d’admettre que des pays développés se protègent contre l’immigration et se retrouve sans réponse quand les exemples de la Suisse, des États-Unis et du Danemark sont cités.

Toujours sur l’immigration, Jean-Luc Mélenchon nous a ensuite livré un vague numéro de pathos sur la souffrance des immigrés qui doivent quitter leur pays et à qui nous devons « humainement » tendre la main. Il a ensuite fait un petit crochet sur les étudiants de la francophonie sans qui « il n’y aurait personne » dans nos universités et centres de recherche, moyen relativement sournois de cacher l’effondrement du niveau scolaire qui doit beaucoup à la gauche. Quand Éric Zemmour a évoqué les pompes aspirantes de l’immigration, un vieux râle sort de la bouche du candidat de LFI qui s’enfonçait dans son agacement.

« Misérable » a-t-on pu entendre de celui qui a successivement imité le canard et la poule dans un débat télévisé où sa crédibilité était en jeu. « Vous vous comportez de manière indigne » a presque sonné comme une autocritique, tant celui-ci s’est illustré par la bassesse dans ce débat. Âgé de 70 ans, Jean-Luc Mélenchon s’est comporté comme un enfant et en dernier recours, il a tenté de décrédibiliser son adversaire par de petites attaques quand les mots lui manquaient, comme un élégant « La paix, le chien ».

Vainement, Garrido, en groupie désespérée, a essayé de sauver son candidat en rappelant à qui l’a oublié – c’est-à-dire personne – que ce n’est pas un second Face à Baba sur Zemmour. La sauveuse improvisée en prend pour son grade puisqu’elle a été recadrée par un Hanouna qui lui a très justement rappelé qu’elle n’était pas productrice de l’émission et qu’elle n’avait pas son mot à dire. 

Les yeux injectés de sang, Mélenchon s’est péniblement traîné lorsque le sujet de la retraite a été abordé. Interrogé sur le financement de sa réforme des retraites, celui-ci a une fois de plus tenté de séduire les wokes. Après les antiracistes, les féministes ! Les fameuses inégalités salariales homme-femmes, largement exagérées par les féministes, permettraient un surcroît de cotisations suffisant au financement. Comme dirait Éric Zemmour : Ben voyons ! Baser son programme de retraite sur de la démagogie progressiste, voilà un argument pour le moins surprenant, surtout quand le réel le rattrapera concernant lesdites « inégalités salariales ». De plus, pas sûr que les wokes, qui ont les boomers en horreur, soient heureux que des mesures destinées à leur plaire les financent.

Résultat des courses : Éric Zemmour 2 - Mélenchon 0.

Mélenchon face à Yannick Landurain : quand le syndicaliste met une droite à la gauche

Nous passerons volontairement outre l’impressionnant exercice de fayotage d’un Aymeric Caron couvrant religieusement son idole de louanges. Nous ne nous attarderons pas non plus sur les autres échanges – pour la plupart confus – pour parvenir directement au second débat qui nous intéresse : celui contre Yannick Landurain, Major d’une BAC de Seine-St-Denis et délégué syndical Unité-SGP-Police. Il est important de rappeler que Mélenchon souhaite désarmer une partie de la police et dissoudre la BAC, rien que cela !

Mélenchon, visiblement à bout, n’a cessé de lever les yeux au ciel et n’a même pas pris la peine de répondre quand Landurain lui a demandé de confirmer qu’il embauchera 10 000 policiers. Face à la réalité du terrain décrite par le Yannick Landurain, notamment concernant les sous-effectifs de police, Mélenchon a gardé le silence, visiblement incapable de répondre. Landurain a ensuite fait un magnifique plaidoyer en faveur du rôle important de la BAC et de son utilité pour la population.

Toujours enfermé dans sa mauvaise foi de par les camouflets infligés par Éric Zemmour, le candidat de LFI a attaqué le policier en lui rappelant que son rôle est d’obéir. Son discours était uniquement porté sur les fameuses « violences policières ». A l’écouter, la police serait une sorte de mafia qui terrorise et tyrannise la population. Landurain lui a pourtant rappelé au début de leur débat que les Français aiment leur police, ce qui est confirmé par un sondage Harris de juillet 2021 - qui indique que 73% des Français ont confiance en leur police. Mais Mélenchon, obnubilé par les minorités, est capable d’aller à l’encontre de la majorité par pur électoralisme.

Bien décidé à ne pas se laisser marcher dessus, Landurain a tenu bon face à Jean-Luc Mélenchon en insistant sur la bassesse de ses attaques contre Éric Zemmour. Lui rappelant son comportement anti-républicain lors de sa perquisition mémorable en 2019, Jean-Luc Mélenchon est sorti de ses gonds et a répété la même chose : « vous obéirez ». Le refus du réel, encore et toujours lui, termine d’achever un Mélenchon visiblement autant préparé au débat qu’un gagnant du Loto à sa victoire. 

Landurain a proposé au candidat de la France Insoumise de venir à la BAC pour voir les choses dans le concret. Jean-Luc Mélenchon opposant un refus catégorique, le policier lui a rétorqué qu’il est bien plus simple de vivre dans le déni lorsqu’on a une bonne place au chaud dans un bureau.

Mélenchon a terminé par ce qu’il semblait vouloir dire depuis le début et qu’il cachait maladroitement comme un enfant qui cache ses mains dans le dos. Il a annoncé à demi-mot vouloir retirer à la police tout pouvoir de maîtrise et de maintien de l’ordre. Enfin, comble du ridicule, après un démagogue « vous serez réformés de la cave au grenier », Mélenchon s’est encore enfoncé en menaçant le policier de le virer. 

Nous avons eu affaire à une pluie de contradictions. Le candidat de gauche semble chérir les causes dont il déplore les effets. Comment lutter contre le trafic de drogue, d’armes, de personnes – qu’il fustige à juste titre – tout en supprimant le corps de la police qui y est consacré ? Comment combattre les trafics organisés, souvent lourdement armés, avec une police désarmée ? 

Le chant du cygne d’un Mélenchon à bout de souffle

En conclusion, que retenir de cette prestation ? Pas grand-chose si ce n’est l’incapacité de Mélenchon à débattre et argumenter sans perdre ses moyens… ce qui n’est pas une nouveauté. Alors qu’il avait l’occasion de faire des débats de fond, le candidat dit de l’Union Populaire n’a fait que prouver qu’il n’en était pas à la hauteur. Sa propension à ne pas répondre aux questions posées et à faire de la démagogie exacerbée ne fera que conforter les convaincus mais ne risque pas de faire pencher la balance des indécis en sa faveur. 

Mélenchon, qui veut unir la gauche à la manière d’un Mitterrand, se révèle être à l’image de son programme : un Mitterrand du pauvre. Finalement, son attitude déplorable durant cette soirée n'a-t-elle pas été un facteur déterminant de sa défaite lors de la Primaire populaire ?

C-H
Rédacteur

Génération Z

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