Le recours militaire face au déferlement migratoire
Pour faire face aux périls démographiques de demain, nos forces armées pourraient être amenées à jouer un rôle plus actif.
Le 24 septembre dernier, l’actualité africaine s’est à nouveau invitée dans le quotidien des Français. Alors que le ministère des Armées rendait hommage au 52e soldat français tombé dans les sables du Mali depuis le début de l’opération Barkhane en 2014, l’opinion publique a redécouvert que des milliers de jeunes Français risquaient leur vie depuis maintenant huit ans à plus de 3000 kilomètres des frontières métropolitaines.
Des guerres lointaines, coûteuses et ingagnables
On peut aisément comprendre que la France ait le devoir de protéger sa sphère d’influence et ses intérêts stratégiques à l’étranger, tout particulièrement en matière énergétique. Il est en revanche plus difficile d’admettre que nos soldats aient à se sacrifier pour assumer le rôle de gendarmes du Sahel en lieu et place des légitimes autorités locales, fussent-elles officiellement partenaires, et cela sans grand soutien de la part de l’Union Européenne.
D’après l’État-major des Armées, l’opération Barkhane a coûté 880 millions d’euros pour la seule année 2020. Une somme conséquente si l’on songe que, sur le terrain, la situation s’est enlisée avec le temps : les multiples têtes de l’hydre terroriste n’en finissent plus de repousser à mesure que nos armées parviennent à les couper. En cause, un inextricable embrouillamini d’enjeux locaux faits de misère économique structurelle, d’embrigadement religieux, de trafics en tous genres, de micro-conflits ethno-politiques, d’alliances et de trahisons tribales qui vont jusqu’à faire tourner les têtes des géopolitologues ministériels les plus expérimentés.
Alors que les armées françaises sont dépêchées en Afrique et ailleurs pour y effectuer de difficiles et coûteuses missions de police, l’insécurité vécue par la population française en métropole n’a fait que s’accentuer avec les années, au point que les militaires ont dû être massivement déployés en soutien à nos forces de l’ordre, notamment pour contrer la menace terroriste. Le dispositif Sentinelle est toujours quotidiennement déployé sur le territoire national à hauteur de plusieurs milliers d’hommes. Bien que la vue de soldats en armes ait tendance à rassurer le public, on sait aujourd’hui combien le maintien de cette opération dans le temps a un impact négatif sur le moral des troupes.
La véritable menace est à nos frontières et non à l’autre bout du globe
Si le maintien de l’ordre ne fait pas partie des attributions militaires, à l’exception très notable de la gendarmerie nationale bien sûr, la protection des frontières nationales est en revanche une mission historique des armées, surtout en temps de crise. Et si, comme le fait régulièrement remarquer Éric Zemmour, le lien entre insécurité, terrorisme et immigration est devenu évident pour tout le monde au point de menacer l’équilibre de la société toute entière, il devient dès lors nécessaire d’interroger l’usage de l’outil militaire à des fins de contrôle et de protection de nos frontières. Autrement dit, il serait nettement plus logique de traiter le problème de l’immigration à la racine, c’est à dire « à l’entrée », plutôt que d’en traiter tardivement et inefficacement les trop nombreuses conséquences.
Aussi, alors qu’Éric Zemmour annonce vouloir mettre un terme définitif à toute immigration subie, comment imaginer que nos armées n’aient pas un rôle plus déterminant à jouer dans la défense de l’intégrité de nos frontières aériennes, terrestres et maritimes ? Ces mêmes armées qui sont aujourd’hui envoyées à l’étranger pour préserver les frontières de pays tiers pourraient fort légitimement être missionnées pour protéger les nôtres, non plus seulement à titre conjoncturel, mais à titre permanent. Que ce soit pour appuyer les effectifs dédiés à cette tâche par les services de la police et des douanes, ou en toute autonomie. L’action militaire ne s’en trouverait que plus justifiée aux yeux de la population française.
Par ailleurs, la France est d’ores et déjà dotée de moyens techniques et opérationnels efficaces et modernes en matière de surveillance et de renseignement. Ces moyens sont constamment utilisés tant au profit des opérations extérieures que de la sécurité intérieure ; pourquoi ne le seraient-ils pas pour empêcher le viol quotidien de nos frontières ?
Ainsi, face à l’ampleur des périls démographiques qui nous menacent, sans doute est-il nécessaire de se souvenir de la vocation historique de nos armées : garantir la pérennité de la France et des Français dans l’espace et dans le temps, très au-delà des fonctions de corps expéditionnaires et d’auxiliaires de sécurité pour potentats africains auxquelles nous les cantonnons aujourd’hui.