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Le bon, la brute et le pédant : les années Macron

Depuis quatre ans qu’il est Président de la République française, Emmanuel Macron n’a pas cessé de changer son image. Se voulant au début un président « jupitérien » qui incarnerait la fonction de chef de l’Etat avec dignité, il a fini par imiter la médiocrité de ses prédécesseurs et contemporains en multipliant les coups de communication. In fine, Emmanuel Macron s’est inscrit dans la lignée de ces présidents qui ont abaissé leur fonction et ridiculisé la France.

Saison 1 (2017-2018) : Le Candidat jupitérien

Dès les débuts de son mandat, Emmanuel Macron a cherché à affirmer sa supériorité, quitte à se montrer méprisant, voire ridicule. A peine élu président, il a annoncé vouloir réduire les budgets de la défense nationale, suscitant par la même occasion la colère du chef de l’État-major des armées de l’époque, le général Pierre de Villiers. Emmanuel Macron, croyant son autorité remise en cause, a alors cru bon de limoger le vieux général en affirmant avec énervement qu’il était « notre chef ». Peu importe si les récriminations du général De Villiers étaient justes, peu importe si ses critiques avaient été formulées dans un cadre officieux, Emmanuel Macron ne voulait souffrir d’aucune contestation.

Aux démonstrations de force mal placées se sont ajoutées le mépris à l’égard des Français les plus humbles. Ce mépris s’est d’abord traduit par des actes : le gouvernement Philippe a réduit les APL [1] de cinq euros, aggravant une situation déjà précaire pour des milliers d’étudiants. Il s’est ensuite exprimé par les déclarations du chef de l’État, qui faisait la distinction entre « les gens qui réussissent et ceux qui ne sont rien » [2], ou qui qualifiait les Français de « fainéants ».

Méprisant, Emmanuel Macron ne l’a pas seulement été envers son peuple, mais aussi envers sa nation. En février 2017, en pleine campagne présidentielle, il déclarait : « Il n’y a pas de culture française. » Quelques semaines plus tard, à Londres, il maintenait ses propos en affirmant qu’il n’avait jamais vu « l’art français ».

Cracher sur le patrimoine français ne lui suffisait pas ; il lui fallait également insulter l’histoire de la France. Au cours d’un déplacement en Algérie, il déclarait que « La colonisation fait partie de l’histoire française. C’est un crime contre l’humanité. » Par ces mots, il souillait la mémoire des milliers de soldats français morts en Algérie, et des milliers de pieds-noirs lâchement assassinés par les ennemis de la France.

Les mois suivants du quinquennat Macron se sont avérés moins favorables. L’autorité qu’Emmanuel Macron cherchait à défendre a commencé à s’étioler lors des premiers mois de l’année 2018. En janvier, la situation de Notre Dame des Landes était à nouveau au centre du débat public.

Depuis des années, la France comptait construire sur ce terrain un aéroport afin de redynamiser la région et de faciliter le trafic aérien. Des militants écologistes refusaient envers et contre tout de laisser ce projet être mené à terme. Ils ont alors décidé d’occuper le terrain choisi pour construire l’aéroport, qui est alors devenu une ZAD [3]. Malgré des dizaines de décisions de justice, un référendum régional et les promesses des gouvernements successifs, Emmanuel Macron a décidé de capituler face aux zadistes et d’abandonner le projet de l’aéroport. Le symbole était terrible : quelques centaines d’individus résolus pouvaient mépriser le droit, la volonté de la majorité et tenir tête à l’État lui-même.

Quelques mois plus tard, Emmanuel Macron a fait passer une réforme des conditions de travail. Néanmoins, il a dû faire face à l’opposition des syndicats et d’une partie de la population. Au cours des manifestations, une vidéo a été prise montrant Alexandre Benalla, garde du corps du président, frapper des manifestants le 1er mai 2018 en arborant les insignes de la police nationale. Le scandale qui s’ensuivit a indigné la France entière : Emmanuel Macron envoyait ses gorilles pour faire taire ses opposants.

Saison 2 (2018-2019) : La crise de l’autorité et de la légitimité de l’exécutif

Cela ne l’a pas empêché de faire une nouvelle fois preuve de mépris envers son peuple. Alors qu’il s’adressait à des Français qui l’interpellaient dans la rue sur la difficulté de trouver un emploi, Emmanuel Macron leur a rétorqué : « Je traverse la rue et je vous trouve un travail ». Quoi de plus évident dans une France rongée par des taux de chômage records ?

Manifestement soucieux d’élargir la gamme des sentiments qu’il pouvait susciter, le président a décidé d’ajouter le ridicule à son panel. En septembre 2018, Emmanuel Macron visitait une prison française. Au cours de cette visite, il lui a pris l’envie de se faire photographier avec un des détenus qui se trouvait alors torse nu. L’image et la vidéo de la scène étaient si grotesques que la France entière en a ri – jaune.

Les Français ne supportaient plus les petites phrases de leur président, son refus de se préoccuper de leur pouvoir d’achat qui ne cessait de baisser, de leur difficulté à trouver un travail et à en vivre dignement, de l’absence des services publics, et de voir leur chef d’État ridiculiser la France aux yeux du monde.

Devant cette colère bouillonnante, Emmanuel Macron a fait la sourde oreille. En guise d’ultime provocation, son gouvernement a annoncé, en novembre 2018, l’instauration d’une taxe carbone sur le carburant. Cette mesure aurait eu pour conséquence directe d’augmenter significativement le prix de l’essence, une ressource utilisée chaque jour par des millions de Français pour aller travailler.

Cette annonce a été « la goutte d’eau ». Furieux, des milliers de Français sont allés occuper les ronds-points et manifester dans la rue. Le mouvement des Gilets Jaunes venait de commencer.

Au départ, Emmanuel Macron et son gouvernement ont jugé qu’il ne s’agissait que d’un énième mouvement social, comme la France en a tant connu. Pourtant, au fil des semaines, la mobilisation des manifestants n’a pas décru. Samedi après samedi, des centaines de milliers de Français se réunissaient, non seulement pour protester contre la politique de l’exécutif, mais aussi pour reformer le lien social qui avait disparu après quarante ans de mondialisme libertaire.

Plus encore que leur détermination, ce sont les origines des manifestants qui ont déconcerté les observateurs politiques et le gouvernement. Pour la première fois, ce n’était pas des « professionnels de la contestation » qui défilaient, mais la France périphérique[4] que Macron s’est plu à ignorer et insulter.

L’autorité illusoire qu’Emmanuel Macron croyait avoir créé a alors disparu. La répression terrible infligée aux Gilets Jaunes n’y a rien fait ; les mains et les yeux arrachés n’ont pas réussi à faire plier les manifestants ; au contraire, elle a renforcé leur rage et leur haine. Devant cette révolte sans fin, le président n’a pas eu d’autres choix que de céder. Afin de calmer les esprits, il a annoncé un plan de quinze milliards d’euros d’investissements et la tenue d’un vaste débat national. Ces mesures n’étaient cependant que des pansements sur une jambe de bois. Elles ne répondaient pas aux attentes des Français et ne permettaient pas de lutter contre le déclassement économique de nos classes moyennes et populaires.

Certes, Emmanuel Macron est parvenu à survivre à la crise des Gilets Jaunes. Celle-ci marquait néanmoins pour lui le début d’un véritable « chemin de croix ».

Saison 3 (2019-2020) : Amateurisme et mensonge d’état

Au début de son mandat, Emmanuel Macron s’imaginait pouvoir incarner, par son attitude de monarque détaché du peuple, un renouveau dans la figure présidentielle et ainsi entrer dans l’histoire de la Vème république. Un des rares défis relevés par le chef de l’Etat qui est bel et bien entré dans l’histoire de la politique française, non pas par sa stature, mais par la gestion catastrophique de la crise du COVID-19. Jamais dans la Vème république les citoyens de ce pays n’ont pu observer un tel amateurisme. Jamais dans la gestion politique de la France, le peuple n’a pu s’apercevoir avec autant de consternation de l’imposture de son gouvernement. 

Rappelons-nous le début de cette crise : en janvier et février 2020, Agnès Buzyn, alors ministre de la santé et manifestement au courant de l’ampleur de la pandémie, préconisait des affiches d’information sur les gestes barrières dans les aéroports français. Quelques mois plus tard, la ministre, déjà connue pour l’affaire de l’INSERM, démissionnait de son poste afin de pouvoir candidater à la mairie de Paris. Cette démission, arrivant au beau milieu d’une crise sanitaire sans précédent, faisait suite à l’affaire Benjamin Griveaux, député La République en Marche de Paris. 

A ces frasques, nous pouvons ajouter la controverse des lits de réanimation et des masques. Héritier d’une politique budgétaire de dissolution de l’hôpital publique, Emmanuel Macron s’est empressé de continuer sur cette lancée pourtant annonciatrice d’un grand danger. Selon une étude de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), en 2018 (sous Emmanuel Macron donc) « près de 4 200 lits d’hospitalisation complète ont été fermés dans les établissements de santé français »

Un an après le début de l’épidémie, la DREES publia à nouvel un article rendant compte du nombre de lits de réanimation sur le territoire. Le 31 décembre 2019, la France comptait 5.433 lits de réanimation et le 15 janvier 2021, 6.733. Cependant, ces lits supplémentaires ne sont pas exactement des lits de réanimation et seraient en fait des lits “armés”, représentant alors une hausse fictive du nombre des lits de réanimation. C’est ce qu’explique Jean-Michel Constantin, secrétaire général de la société française d’anesthésie et de réanimation (SFAR) : « Clairement, il n’y a pas eu d’ouverture de lits. Il y a en revanche eu un équipement adapté des lits intermédiaires. Ce qui explique cette hausse ». 

Nous pourrions prolonger ce sinistre inventaire avec les masques, passés de 550 millions en 2013 à 150 millions sous la tutelle d’Agnès Buzyn. Mais ce que chaque Français a retenu de cet épisode est la cacophonie de l’univers marconien au sujet du port du masque jusqu’au confinement général de la population. 

Nous nous rappelons tous du mépris ouvertement affiché de la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, dans chacune de ses prises de parole au cours de la crise sanitaire. De l’ignorance « Les Français ne pourront pas acheter de masque dans les pharmacies parce que ce n’est pas nécessaire quand on n’est pas malade », au mépris « Les masques ne sont pas nécessaires pour tout le monde. […] moi je ne sais pas utiliser un masque. Je pourrais dire “je suis ministre, je me mets un masque”, mais en fait je ne sais pas l’utiliser, parce que l’utilisation d’un masque ce sont des gestes techniques précis. », en passant par le mensonge « pas de risque de pénurie pour les masques chirurgicaux puisqu’on a des stocks d’État qui ont été réalisés lors des précédentes mandatures », cette conseillère en communication s’est ouvertement jouée de la santé des français et a participé à désinformer le peuple. 

A l’image d’Emmanuel Macron, qui s’exclamait dans un élan humaniste « le virus n’a pas de passeport » pour se soustraire à son devoir de fermer les frontières et qui a fini, par cette même doctrine, à enfermer tout un pays, le gouvernement s’est rendu ouvertement coupable de trahison à l’égard du peuple français. L’absence d’honnêteté, de professionnalisme et la perpétuelle confusion des décisions politiques a mené à une défiance sans précédent des Français envers les institutions. Emmanuel Macron voulait instaurer un nouveau souffle dans la politique française, il en incarnera son dernier râle. 

Saison 4 (2020-2021) : Désacralisation du pouvoir et imposture politique

A la suite d’une crise sans précédent et de la mise en quarantaine de tout le peuple français, nous étions en droit de penser que le gouvernement avait retenu la leçon et serait alors prêt à prendre les dispositions nécessaires en cas de deuxième vague. Cependant, à la rentrée 2020 et contre toute attente, la stratégie du gouvernement pour lutter contre une nouvelle flambée des cas s’est avérée insuffisante et un nouveau confinement a été mis en place le 30 octobre

Ce deuxième confinement, synonyme d’un fiasco total du gouvernement, s’est accompagné du lancement de la campagne de vaccination française en décembre 2020 qui n’en a pas été moins laborieuse. Entre mensonges sur les quantités disponibles et flou dans la mise en place de cette vaccination, les souvenirs de la pénurie de masques ont ressurgi. Les Français, alors ulcérés par le gouvernement, ont tenu à exprimer avec ardeur leur mécontentement dans les urnes. C’est aux élections régionales de 2020 que La République En Marche s’est vu décerner le pire score aux régionales pour un parti politique au pouvoir, à savoir 7,1 % des voix, et ne remportant ainsi aucune région

Néanmoins, ces élections ont aussi démontré le profond désintérêt du peuple français pour la politique avec un taux d’abstention s’élevant à plus de 65 %. Les élections ne rassemblent plus les Français qui, à cause de frasques médiatico-politiques, voient la fonction présidentielle se déliter. Emmanuel Macron, par ses apparitions médiatiques et sa stratégie de communication méprisable, a contribué à rabaisser la fonction présidentielle hautement symbolique jusqu’à portée de paume. Ses apparitions aux côtés de McFly et Carlito, ses vidéos sur l’application Tik Tok ainsi que les invitations de nombreux influenceurs à l’Elysée ont alors achevé de désacraliser la fonction de président de la république. 

Ainsi, pendant que le chef de l’Etat s’efforçait d’amuser la galerie, la France saignait et a à nouveau subi sur son territoire un ignoble attentat. Le vendredi 16 octobre 2020, les Français ont découvert avec effroi le meurtre du professeur Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine par un musulman voulant « venger le prophète ». Suite à cette odieuse mise à mort, Emmanuel Macron s’est contenté de faire adopter le 24 août 2021 une loi confortant le respect des principes de la république. Cette loi, initialement prévue pour être une loi contre le séparatisme islamique, a été dévoyée de son sens premier et tient désormais à « renforcer la laïcité et consolider les principes républicains ». Une énième fausse promesse d’un gouvernement lâche. 

Les nombreux attentats et meurtres au nom de l’islam ainsi que les menaces que représentent cette civilisation – dont les valeurs sont aux antipodes des ces fameux principes républicains – n’ont donc pas fait changer d’avis Emmanuel Macron qui s’exprimait encore en début d’année sur ce sujet : « L’ambition de former et promouvoir en France une génération d’imams et d’intellectuels qui défendent un Islam pleinement compatible avec les valeurs de la République est une nécessité. »

Série abandonnée

Pendant cinq ans, le gouvernement n’a cessé de négliger la France en balayant d’un revers de main sa culture et ses traditions. La fracture sociale et la paupérisation se sont accentuées et l’insécurité est omniprésente sur tout le territoire. La situation est si préoccupante et l’avenir de la France si incertain, que la jeune génération mérite bien l’appellation de « génération sacrifiée »

Le refus d’unir la nation sous une même destinée qu’a incarné Emmanuel Macron le long de son mandat à conduit la France vers un point de non retour. Désormais le peuple est scindé entre ceux qui ont le désir de vivre enraciné et ceux qui veulent faire payer à la France une dette imaginaire. 

Ironiquement, le quinquennat d’Emmanuel Macron se termine par une dernière trahison – qui pour une fois ne vient pas de lui. La récente déroute diplomatique qu’a subi son gouvernement par l’Australie dans l’affaire des sous-marins nous permet de prendre conscience du peu de pouvoir que parvient à exercer la France à l’étranger. Afin de compenser son manque de puissance sur la scène internationale, le gouvernement s’emploie à harasser les Français ; Emmanuel Macron jouant au roitelet pour se substituer à son insignifiance. 

De même qu’avec le premier ministre australien, Emmanuel Macron questionne actuellement la France :  Dois-je m’attendre à de bonnes ou de mauvaises nouvelles pour nos ambitions communes en matière de présidentielle ? 

A ce message adressé aux Français, les Français répondront dans les urnes.

Julien Dupuy / Rafaël P.
Rédacteurs

[1] Aide Personnalisée au Logement.

[2] Le 2 juillet 2017, Emmanuel Macron déclare, à l’occasion de l’inauguration de la Station F à Paris, qu’« une gare, c’est un lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien ». 

[3] Il s’agit d’une forme de squat à vocation politique destinée à s’opposer à un projet d’aménagement.

[4] Est un terme conçu et théorisé par le géographe Christophe Guilluy. Il désigne la France rurale, des petites et moyennes villes, bref : la France qui ne profite pas de la mondialisation, et qui est ignorée par la classe politique depuis des décennies. 

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