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Eric Zemmour peut-il incarner la fonction présidentielle ?

Depuis les débuts de la rumeur sur son éventuelle candidature, nombreux sont ceux qui se demandent si Éric Zemmour a les qualités pour être Président de la République. Génération Z revient sur cette question.

« Il fait peur », « il n’est pas compétent », « il n’est pas très bon en économie », « c’est un journaliste et pas un politique », « ce n’est pas un professionnel du monde électoral ». Les critiques pleuvent sur Éric Zemmour alors que sa candidature semble se concrétiser. Leur unique but : le décrédibiliser en réduisant son image à celle d’un simple journaliste, brillant sur les plateaux de télévision, mais incapable d’incarner la « fonction présidentielle. »

Encore faut-il savoir en quoi consiste cette fonction. Quel est le rôle d’un Président de la République ? Qu’est-ce qu’être un bon Président de la République ? Faut-il être un professionnel de la politique pour être un homme d’État ?

À chacune de ces questions, le caractère, la personnalité, la parole et les écrits d’Éric Zemmour nous offrent une réponse.

La fonction présidentielle

Commençons par définir le rôle du Président de la République. Institutionnellement, il doit être « la clef de voûte » de notre régime. Il a pour mission de donner un cap à la France, de donner une vision globale de la société française et de se placer au-dessus de la mêlée politique classique. Philosophiquement et même spirituellement, il doit incarner la France, montrer à son égard un amour charnel, suscitant ainsi la volonté des Français de poursuivre leur destin. Il doit leur rappeler qu’ils sont et doivent demeurer un peuple grand et libre. 

Le général De Gaulle était en son temps la plus parfaite incarnation de la fonction présidentielle. Il était investi d’une légitimité historique, il avait une profonde connaissance de la France et de son passé, un sens de la majesté et une conscience de l’État inégalés, et un sens politique très affûté. Ses successeurs, bien que moins brillants, sont également parvenus à comprendre la stature et la « geste présidentielle » .

L’instauration du quinquennat et la chute du niveau de la classe politique ont eu pour effet de complétement désacraliser cette fonction. Depuis le mandat de Nicolas Sarkozy, les présidents ne sont plus que des « supers premiers-ministres ». Les campagnes ne s’intéressent plus aux grandes évolutions, aux grands phénomènes mondiaux et nationaux ; elles ne sont plus qu’un concours de recettes de cuisine, où les candidats énumèrent leurs ingrédients pour améliorer la vie des Français. La politique étrangère, migratoire et même économique se réduisent à parler de « l’enrichissement culturel des étrangers » ou à promettre des augmentations de salaires infinançables de plusieurs centaines d’euros – les propositions d’Anne Hidalgo et de Jean-Luc Mélenchon sont les derniers exemples en date.

Dans ce charabia technocratique fait de batailles de chiffres stériles et de formules creuses, la France a été la grande oubliée. Tout a été broyé : le courage des Français, leur fierté, leur génie en tant que peuple et leur force de vivre. Le rôle du président s’est réduit à celui de « premier des intrigants », davantage préoccupé « par la prochaine élection que la prochaine génération »[1].

Au contraire, Éric Zemmour suscite de l’espoir, comme en témoignent ses conférences et ses rencontres avec les Français. Partout, le discours est le même : « Vous nous redonnez foi en notre pays » clament ses lecteurs.

Pourquoi sa popularité croît-elle ? Parce qu’il parle aux Français de la France. Parce qu’il leur rappelle leur passé glorieux et veut les pousser à bâtir un avenir, au lieu de se contenter d’avoir un futur. Parce qu’il fait ressentir aux gens son adoration de la France et sa détermination de se battre pour elle. Éric Zemmour est préoccupé avant tout par la survie de la France, dont les Français ne sont que les gardiens. Il veut préserver et développer cet héritage afin de le transmettre aux générations suivantes. En cela, son discours se rapproche sensiblement de celui du Général De Gaulle[2] – toute proportion gardée.

La compétence intellectuelle et technique

Bien entendu, pour préserver un héritage, il ne suffit pas de faire de grands discours. Le président doit donner une vision dans les domaines qui touchent à la vie de la cité, ce qui implique d’avoir une grande capacité intellectuelle et des compétences techniques poussées.

Tout le monde connaît et reconnaît la compétence d’Éric Zemmour pour tout ce qui concerne l’immigration et la démographie. Inutile de revenir sur un sujet qu’il maîtrise avec brio et sans réels contradicteurs depuis quinze ans.

Intéressons-nous plutôt à des thématiques qui relèvent des principales prérogatives d’un Président – les constitutionnalistes parleraient de « domaine réservé ». En matière de politique étrangère ou de défense nationale, Éric Zemmour a un atout majeur : sa culture générale et historique. Contrairement aux derniers présidents que nous avons eus, il connaît intimement l’histoire des grands peuples du monde, leur géographie, leur mentalité, et l’histoire de notre armée. Autant d’éléments essentiels pour avoir une vision sur des sujets éminemment complexes. Éric Zemmour est également au fait des grandes théories des relations internationales – le « Heartland » ou le « Rimland » par exemple – ou militaires – l’offensive à outrance, les stratégies défensives, le passage de l’armée de masse à l’armée de métier.

Éric Zemmour n’est pas non plus ignorant des défaillances de notre système juridique, qui expliquent entre autres l’échec de notre politique pénale : automaticité des remises de peines, textes flous ou doublons. Il est également au fait du manque de moyens de notre système carcéral – et notamment du nombre insuffisant de places de prison.

Remarquons néanmoins que ce n’est pas sur ces thèmes que la compétence d’Éric Zemmour est le plus souvent contestée, mais pour des domaines techniques, comme l’économie ou les enjeux liés à l’environnement.

Sur ces points, les dernières interviews d’Éric Zemmour et les dernières émissions auxquelles il a participé démontrent au contraire qu’il a acquis une profonde connaissance de ces sujets. Que ce soit lors du débat face à Jean-Luc Mélenchon sur BFM TV, ou lors de l’émission présentée par Ruth Elkrief sur LCI, Éric Zemmour a montré qu’il était au fait de la situation de la dette, de la balance commerciale, de la balance des paiements, de l’industrie française, de la production nucléaire, de la fabrication des éoliennes, du prix du gaz, etc. Ceci n’a d’ailleurs rien d’étonnant : si Éric Zemmour n’a commencé que récemment à s’intéresser aux problématiques environnementales, il est depuis longtemps un grand passionné d’économie[3].

Doit-il approfondir encore sa maîtrise de l’économie et des enjeux environnementaux ? Sans doute. Doit-il pour autant devenir un « expert » au sens de « technicien » ? Certainement pas. Un Président doit connaître les grands mécanismes des domaines sur lesquels il est tenu de se prononcer. La traduction concrète de sa vision est quant à elle dévolue à des spécialistes. De Gaulle connaissait les grandes théories monétaires, ce qui lui a permis de déterminer une politique en la matière ; son gouvernement et le directeur de la Banque de France étaient eux chargés de son application.

Le caractère d’un homme d’État

Il ne sert à rien qu’un Président ait l’intelligence et les compétences s’il n’a aucune détermination. Faire les bons constats n’a aucun intérêt si on n’a pas le courage d’agir en conséquence. Le pire défaut que les Français reprochent à leurs dirigeants est leur manque de courage. Chirac et Sarkozy sont vus par leurs anciens électeurs comme des « mous » qui n’ont pas eu le cran d’appliquer leurs programmes. Sarkozy plus particulièrement est marqué par cette expression devenue célèbre : « Il nous a promis le karcher et on a eu Kouchner. »[4]

Personne ne peut dire si Éric Zemmour, dans l’hypothèse où il deviendrait Président, pourrait réaliser l’ensemble de ses propositions pour la France. Il a néanmoins prouvé au cours de ces quinze dernières années qu’il était doté d’un courage admirable, tant intellectuel que physique. Malgré la menace d’ostracisation et malgré les agressions qu’il a subies, jamais il n’a fait de concession sur ses convictions. Le système juridique, politique et médiatique est pourtant une gigantesque machine à broyer les individus qui « dérapent ». Nombreux sont les journalistes et les élus qui, par peur du système, se taisent et baissent la tête. Pas Éric Zemmour. Or, il nous faudra un homme capable d’imposer sa volonté – et à travers elle, la volonté du peuple français – à une caste d’administratifs, de technocrates et de juges qui détiennent les rênes du pouvoir.

Un Président doit encore posséder deux qualités essentielles : la capacité de se remettre en question, et surtout celle de raisonner froidement et de manière pragmatique. Le caractère d’Éric Zemmour correspond parfaitement à ces deux points. Contrairement à l’image que répandent les médias, Éric Zemmour est quelqu’un qui peut être convaincu et qui n’a pas réponse sur tout immédiatement. Il aime se faire l’avocat du diable, considérer le point de vue adverse. Il est également, selon son propre aveu, « très influencé » par ses lectures. Sur des sujets qu’il ne connaît pas, où il n’a pas « fait sa religion », il cherche, médite, réfléchit.

Enfin, Éric Zemmour aime la contradiction. Il n’est pas indifférent à la flatterie, mais il n’aime ni le conformisme, ni le consensus lorsqu’ils sont le produit de l’obséquiosité. Toujours, il a recherché le débat avec ses adversaires idéologiques. Il n’a jamais refusé la confrontation, même lorsqu’il était sûr qu’elle finirait en pugilat.

De toute évidence, Éric Zemmour n’est pas un homme ordinaire ; il ne sera pas non plus un homme politique ordinaire. C’est exactement ce qu’il nous faut : dans les moments critiques, ce n’est pas l’homme politique traditionnel, celui qui respecte scrupuleusement tous les codes qui rétablit la situation. C’est au contraire un homme qui renverse la table, qui casse les certitudes et bouscule les habitudes, qui permet à son pays de survivre aux épreuves.

Rafaël P.
Rédacteur

[1] Cf. citation de James Freeman Clarke : « Un politicien pense à la prochaine élection. L’homme d’État, à la prochaine génération. »

[2] Voir l’interview de De Gaulle par Michel Droit en 1965.

[3] Il s’agit d’un fait méconnu, mais lorsqu’il était étudiant à Science Po, il s’était spécialisé en prenant des cours d’économie en options.

[4] Après sa victoire en 2007, Nicolas Sarkozy a décidé de faire « une ouverture politique » en intégrant des personnalités de gauche dans son gouvernement. Bernard Kouchner, homme politique de gauche, a ainsi été nommé ministre des affaires étrangères et européennes. Cette manœuvre politique a été considérée par les électeurs de droite comme une trahison, une trahison qui a inauguré le reniement de tout le discours et le programme défendu par N. Sarkozy pendant la campagne de 2007. 

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