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Australie : Biden avance en sous-marin

En 2016 la France réussissait à arracher un contrat à plus de 56 milliards pour la fourniture de douze sous-marins à l’Australie. Jeudi, le premier ministre australien Scott Morrison a finalement annoncé renoncer à cet accord pour en préférer un avec des partenaires stratégiques, les États-Unis et la Grande-Bretagne. 

Un projet avec quelques difficultés

Coup de tonnerre dans le monde atlantiste. L’Australie annonce ce matin renoncer à l’accord signé avec la France pour la fourniture de 12 sous-marins. Canberra préfère finalement conclure un partenariat avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Il y avait eu des complications depuis la signature. Le contrat initial plafonnait à 31 milliards d’euros, la note avait finalement grimpé jusqu’à 55 milliards d’euros. Le ministère de la défense australien avait déjà menacé la France d’un plan B et Emmanuel Macron avait dû donner de sa personne le 15 juin dernier afin d’apaiser la situation. Cependant la véritable raison de ce revirement d’alliance économique et militaire semble plus complexe. 

Des enjeux géostratégiques importants

L’Australie subit depuis plusieurs années des pressions constantes de la Chine. En mai dernier Pékin avait même annoncé suspendre le dialogue économique et stratégique sino-australien ainsi que leurs activités. La Chine accusant l’Australie de raviver un esprit de guerre froid et de discrimination idéologique. Les mesures touchaient principalement les droits de douane qui sont devenues prohibitifs alors que la Chine est le premier partenaire commercial du pays. Les menaces avaient même été plus directes quand l’organe de presse officiel du parti communiste chinois avait menacé d’envoyer ses missiles balistiques sur l’Australie si elle intervenait dans le conflit sino-taiwanais. Avant cela, l’Australie avait révoqué deux accords sur le projet de route de la soie chinoise et avait demandé une enquête sur les origines du coronavirus. 

Face à la volonté hégémonique chinoise, l’Australie a décidé de changer de braquet. En se tournant vers les États-Unis et la Grande-Bretagne, l’Australie fait un choix qui dépasse le plan économique. Ce nouveau partenariat appelé « AUKUS » permet aux États-Unis de resserrer leur pression autour de la Chine qui avait été ébranlée par le départ de l’Afghanistan. Pékin a d’ailleurs immédiatement dénoncé une vente irresponsable. La position stratégique de l’Australie entre l’océan Pacifique et Indien est importante dans la volonté d’expansion maritime chinoise. Les deux grands blocs de l’époque, les États-Unis et la Chine, sont donc en combat politique et économique pour posséder la région. L’Australie subissant la pression des deux empires a fait le choix qui lui semblait le plus raisonnable. 

En France, la douche froide

Côté français, le réveil est difficile. La diplomatie française s’emploie depuis ce matin à jongler entre atlantisme et trahison. Fidèle à sa tradition américanophile béate elle s’est contenté d’hurler en silence. Le ministre des affaire étrangère Jean-Yves Le Drian parlait ce matin de « coup dans le dos » et osait, ce qui semble une terrible insulte dans le langage atlantiste, comparer les méthodes de Joe Biden à celles de Donald Trump. Le communiqué de presse officiel n’est pas beaucoup plus virulent. Le ministère regrette la décision de l’Australie et ne se permets même pas une pique envers ses alliés américains. La réponse est la même que d’habitude, il faut renforcer l’autonomie stratégique européenne pour porter nos valeurs dans le monde. Les européistes sont aux abois et les sous-marins passent.

Christopher Malivert
Rédacteur

Génération Z

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