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Affaire Adrien Perez : analyse du délitement de la justice française

Adrien Perez a été poignardé à la sortie d’une discothèque, à Meylan (Isère), le 29 juillet 2018. Les faits ont été requalifiés en violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Génération Z revient sur le délitement de la justice française.

Suite à l’effroyable crime ôtant la vie d’Adrien Perez, la Cour d’assises de l’Isère vient de rendre son verdict et a condamné Younès et Yanis El Habib à 15 ans de réclusion criminelle sans avoir reconnu d’homicide volontaire. 15 ans. Désormais, en France, il est possible de s’acharner sur un jeune homme qui fêtait son 26ème anniversaire en boite de nuit, lui planter une lame dans le cœur au cours d’une explosion de violence, et n’être condamné qu’à 15 années de prison, lesquelles ne seront d’ailleurs jamais exécutées entièrement. Face à ce verdict, et une fois l’envie de vomir passée, il convient d’analyser comment la justice française et son appareil répressif ont atteint ce degré de délitement. 

Il y a déjà un an, Éric Dupond-Moretti, fraîchement dépouillé de sa robe d’avocat, faisait sa première visite officielle à la prison de Fresnes revêtu de son nouveau costume de ministre. Certains se souviennent encore de la réaction de liesse que le garde des Sceaux avait provoqué chez les taulards qui avaient accueilli leur messie avec force acclamations. Cet événement anecdotique certes, avait donné la mesure de la relation qui unit désormais en France les détenus avec le ministère de la Justice, et la crainte que ce dernier inspire. Pire encore, cette scène reflétait en réalité l’un des multiples résultats d’une croisade socialiste anti-prison depuis plus de quarante ans.

En 1975, le philosophe français Michel Foucault accouchait de son ouvrage Surveiller et Punir qui marqua les prémices du bouleversement du système punitif français et dans lequel la logique même de l’emprisonnement était attaquée : « La prison est dangereuse quand elle n’est pas inutile ». Foucault allait encore plus loin en critiquant même le principe de punition : « il est peu glorieux de punir », et ainsi le glas était sonné pour le petit monde pénitentiaire français. Partant de cela, la gauche au pouvoir a permis d’accélérer les choses, et dès 1981, l’abolition de la peine de mort a été l’une des premières mesures fortes vers le renouvellement du système punitif, en contrepartie de laquelle il avait été promis aux Français des peines de prisons plus sévères. Cela ne s’est évidemment jamais produit et la dureté des peines a continué sa chute libre. C’est à cette époque et dans ce terrain propice que sont nées les premières associations de luttes anti-carcérales, militant tantôt pour une amélioration sans fin des conditions de détention, tantôt pour l’abolition totale des prisons en France. Les magistrats, les professeurs de droit et la doctrine en général se sont alors amourachés de la nouvelle mode de la lutte anti-prison, si bien qu’aujourd’hui dans les facultés de droit, on apprend aux petits futurs magistrats Ô combien la prison peut être néfaste est doit être évitée le plus possible au nom de l’individualisation des peines et de la réinsertion. La prison désormais dédaignée, doit donc se faire toute petite dans le paysage punitif de notre pays.

65 384 détenus pour 60 799 places

Selon les derniers chiffres du mois de mai provenant du ministère de la Justice, on dénombrait 65 384 détenus pour 60 799 places opérationnelles. Les prisons débordent certes, cependant, ce trop-plein n’est pas dû à une politique répressive sans borne du juge français, loin s’en faut, mais il est causé par le fait que l’Etat ne souhaite plus construire de prisons malgré l’explosion de la délinquance. Les surveillants pénitentiaires doivent donc gérer seuls et au jour le jour toutes les nouvelles problématiques d’une prison surpeuplée et ouverte aux quatre vents, dans laquelle tout entre : téléphones, stupéfiants et idéologie islamiste. Les agressions contre les surveillants font florès et les manifestations et protestations régulières de ces derniers n’y changent rien, encore moins sous le mandat d’Emmanuel Macron. Les prisons françaises sont donc à des années-lumière de la sévérité de leurs homologues d’outre-Atlantique vues dans les séries Netflix, au contraire, elles constituent désormais une simple extension de nos banlieues. La vie en prison se passe désormais comme dans les quartiers, et on y retrouve la même violence, les mêmes us et coutumes, et la même influence islamiste. L’heure serait venue donc une fois ces constats mis sur la table, de changer de paradigme.

«La prison est éducative, c’est la faiblesse de la sanction qui est criminogène»

Éric Zemmour a eu l’occasion de s’exprimer à ce sujet, et comme il l’avait rappelé avec bon sens : «La prison est éducative, c’est la faiblesse de la sanction qui est criminogène, ce n’est pas la prison». Ainsi répondait-il aux intellectuels de gauche qui ont diffusé l’idéologie selon laquelle la prison augmentait la criminalité des délinquants. C’est donc en se fondant sur cette invention qui voudrait que «la prison soit l’école du crime» que nos dirigeants ont péché par laxisme pendant des décennies. Alors, si un jour nous sortons la tête de ce magma idéologique délétère, nos futurs dirigeants saisiront rapidement que ce n’est qu’en rétablissant des peines de prison réellement appliquées par les détenus, et en bénéficiant d’une machine répressive ayant les moyens de faire face à l’explosion de la délinquance, que la France pourrait enfin se donner une chance de lutter efficacement contre la criminalité. Et ainsi, les criminels comme  Younès et Yanis El Habib seront accueillis comme il se doit par la justice de notre pays.

Louis de Mirabeau
Rédacteur

Génération Z

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