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À la Reconquête de la France rurale

Depuis plusieurs semaines, Éric Zemmour a axé son discours sur la ruralité, si longtemps oubliée et méprisée par nos élites mondialistes. Génération Z revient sur cet aspect fondamental du programme de notre candidat.

Les enjeux de la ruralité

Depuis des siècles, la ruralité revêt pour la France une importance considérable. Elle est d’abord un moteur économique : traditionnellement, c’est la ruralité qui a pour rôle de produire les rendements agricoles nécessaires pour nourrir la population. A partir des révolutions industrielles – et en particulier la troisième –, elle est également devenue un lieu stratégique pour le développement de notre industrie.

La ruralité a ensuite une fonction démographique et anthropologique. Elle bénéficiait jadis d’importants taux de natalité, ce qui en faisait une réserve de travailleurs et surtout de citoyens. De surcroît, la vie en milieu rural pousse à appréhender l'existence d'une manière particulière. La proximité avec la nature, l’agriculture et l’élevage permet d’avoir un rapport étroit avec le concret et le réel ; par exemple, ce n’est qu’en apprenant comment évolue et vit une terre que l’on peut l’exploiter.

L’attachement à la terre conduit également presque inévitablement à développer un sentiment d'attachement au pays – la terre de ses pères –, puis à la nation. C’est ce que la Première Guerre mondiale a incontestablement démontré : l’écrasante majorité de nos poilus étaient paysans, et sont allés se sacrifier pour protéger la France, leurs familles, leurs maisons et leurs cultures. En somme, la ruralité est le cœur battant d’une nation et le pilier de sa force vitale.

Malheureusement, nos espaces ruraux sont dans un piteux état. Entre la désagrégation progressive de notre secteur agricole, la désindustrialisation et le départ de nombreux services publics, elle repousse plus qu’elle n’attire et ses habitants l’abandonnent progressivement.

Eu égard à son importance historique et actuelle, la ruralité doit être une priorité pour tout programme sérieux. Sur quelles bases fonder une politique de la ruralité digne de ce nom et les mesures d’Éric Zemmour correspondent-elles à ces exigences ?

Des services publics de moins en moins présents

Les phénomènes qui expliquent la désertification de nos espaces ruraux sont multiples. Il nous faut par conséquent aborder différents domaines et les politiques publiques qui y sont associées. Le premier domaine est relatif à la politique des services publics.

Pour que les habitants d’un territoire y demeurent, pour qu’un territoire soit attractif et attire potentiellement de nouveaux venus, il doit comporter tous les services du quotidien (santé, éducation, transports, communication, justice, police et gendarmerie, etc.) Malheureusement, depuis des décennies, la ruralité connaît un retrait progressif et ininterrompu de ces services.

Dans le domaine de la santé, les fameux « désert médicaux » se multiplient. Entre 9 et 12% de notre population vit aujourd’hui dans un désert médical, soit 6 à 10 millions de Français. En moyenne, chacune de ces personnes a renoncé au moins une fois à se soigner. La conséquence de cette situation est que la mortalité dans les déserts médicaux est nettement supérieure à celle des milieux urbains : en moyenne, un « rural » a deux ans d’espérance de vie en moins qu’un « urbain » [1].

Le même constat se répète pour tous les autres types de services publics : les classes des villages et des petites et moyennes villes ferment de plus en plus, de même que les tribunaux, les casernes, le postes de police, etc. Face à cette situation, il est avant tout nécessaire de stopper la désagrégation lente des services publics ruraux. Pour ce faire, Éric Zemmour propose plusieurs solutions.

Afin de juguler l’extension des déserts médicaux, Éric Zemmour propose d’embaucher en urgence 1000 médecins qui seront ensuite envoyés dans les territoires qui en manquent le plus. A la différence des médecins libéraux et des médecins fonctionnaires de l’État, ceux-ci seront salariés ; leur contrat prévoira donc expressément le lieu où ils devront exercer, le temps pendant lequel ils devront exercer, etc.

A cette mesure d’urgence, Éric Zemmour veut ajouter des mesures de long terme, comme le rétablissement de la médecine de garde dans tout le pays et l’accélération de la fin du numerus clausus, pour augmenter le nombre de médecins. Enfin, il propose de créer des services de proximité d’urgence, de suivi et de prévention dans les domaines de la maternité, de l’ophtalmologie, de la chirurgie dentaire ou encore du dépistage.

Concernant l’éducation, Éric Zemmour veut sanctuariser les classes de maternelle et de primaire et ainsi limiter les changements de la carte scolaire. De même, pour ce qui est de la sécurité, une véritable « gendarmerie de proximité » sera créée pour répondre aux défis de l’insécurité grandissante en milieu rural.

Le déclin de l’agriculture rurale

L’agriculture a toujours été un facteur de croissance et d’activité pour la ruralité. Comme nous l’avons précédemment dit, elle a été historiquement un moteur économique et social, mais aussi un instrument de la souveraineté – puisqu’elle permet à la France d’avoir une autonomie alimentaire.

L’agriculture conserve encore aujourd’hui une fonction sociale et économique. Dans les territoires français ruraux qui ont réussi à préserver une industrie ou qui ont réussi à s’industrialiser, entre 9 et 11% des emplois proviennent de filières agro-alimentaires [2].

Malheureusement, les conditions sociales des agriculteurs et des éleveurs ne font qu’empirer : le nombre d’exploitations (petites et moyennes) diminue sans cesse [3], tout comme les revenus des agriculteurs. En 2017, 20% d’entre eux n’ont même pas pu se verser un revenu [4].

De surcroît, les importants déficits commerciaux et de production du secteur agro-alimentaire français ont eu pour effets d’augmenter notre dépendance à l’étranger. De nombreux aliments consommés au quotidien par les Français sont majoritairement ou massivement importés (la tomate, la pêche, la salade, le melon, le poulet, etc.).

Pour répondre à la crise sociale, commerciale et économique de l’agriculture rurale, Éric Zemmour souhaite agir dans différents domaines. Il propose notamment de favoriser par des mesures fiscales l’installation de nouveaux producteurs et de faciliter le renouvellement des générations en augmentant la « Dotation Jeunes Agriculteurs ». Il propose également de simplifier les procédures d’installation et d’achat de foncier. C’est là une question essentielle, puisque de nombreux jeunes souhaitent reprendre les exploitations de leurs parents ou créer la leur. Hélas, faute de moyens, ces aspirations ne restent souvent que des rêves.

Néanmoins, il ne servirait à rien de donner davantage de moyens aux agriculteurs si la concurrence déloyale (intérieure et extérieure) les empêche d’écouler leurs productions. Le développement des regroupements d’enseignes au sein de centrales d’achat communes a considérablement nui aux revenus des exploitations agricoles. Ces centrales pèsent sur les négociations avec les exploitants, si bien que la part du prix qui revient au producteur est de plus en plus faible. Éric Zemmour propose de mettre fin à ce processus déloyal et de privilégier les circuits courts en augmentant la part des productions locales dans la restauration collective.

Concernant la concurrence étrangère, Éric Zemmour propose d’interdire les importations de produits agricoles non-conformes à nos standards de qualité et de sécurité alimentaire. Comment accepter que des poulets brésiliens trempés dans du chlore et élevés dans des conditions douteuses puissent être vendus librement sur nos marchés ? Dans le but d’éviter que des situations similaires se reproduisent, Éric Zemmour propose de mettre fin à la participation de la France aux négociations actuelles et futures des traités de libre-échange, notamment ceux négociés par l’Union européenne.

Surtout, la France doit améliorer la compétitivité de ses exploitations agricoles si celles-ci veulent pouvoir exporter plus facilement et gagner des parts de marché. Ainsi, Éric Zemmour veut mettre fin à la sur-transposition dans notre droit des normes européennes et réduire les charges qui pèsent sur les entreprises – y compris agricoles.

La désindustrialisation des espaces ruraux

Historiquement, l’industrialisation a surtout favorisé les espaces urbains. Mais la ruralité en a aussi profité, notamment via les politiques de « décongestion industrielle » menées pendant les années 1950-1960 [5].

Loin de n’être qu’une unité de production, l’industrie est également un facteur d’amélioration des conditions socio-économiques de ses travailleurs. En moyenne, un travailleur dans le secteur industriel gagne plus qu’un travailleur du tertiaire. De fait, l’industrie est une structure d’indépendance et de « bien-être » économique et social. Il est également un facteur de dynamisme, y compris dans les territoires ruraux ; ceux qui ont préservé ou créé des industries ont un taux de chômage inférieur à la moyenne nationale [6].

Or, depuis 2000, la France a perdu plus du quart de ses emplois industriels, et plus de deux tiers d’entre eux depuis les années 1960 [7]. Les territoires ruraux ont été durement frappés par ce phénomène ; comme le reste du pays, ils sont condamnés à être des lieux de consommation plutôt que d’être des lieux de production.

Afin d’inverser cette tendance, Éric Zemmour veut conduire une vaste politique de réindustrialisation et de maintien de nos emplois industriels : il propose de créer des zones franches industrielles dans les régions les plus durement touchées par la désindustrialisation et de créer un grand fonds souverain alimenté par les fonds du livret A pour investir dans nos entreprises.

Surtout, Éric Zemmour a pour objectif de profondément réformer notre système fiscal, qui tue la rentabilité et la compétitivité de nos entreprises. Ainsi, il propose de réduire les impôts sur la production de 30 milliards d’euros et de faire passer le taux de l’impôt sur les sociétés à 15%. Enfin, Éric Zemmour veut favoriser la production française, en instaurant un moyen d’identifier la provenance des produits pour le consommateur avec l’invention d’un « Patrie-score » (sur le modèle du nutri-score) et en enracinant cette production via la fin des droits de donation et de succession pour les entreprises familiales. 

La chute de la démographie dans les espaces ruraux

Ces trois axes – services publics, ruralité et industrie – permettront de répondre à la désertification de nos espaces ruraux et d'en faire à nouveau des lieux où il fait bon vivre.

Ils permettront également de développer ces territoires, ce qui permettra de limiter la crise démographique de la ruralité. En 2006 : 22,6 % de la population française était rurale – au sens stricto sensu [8] –, contre 19% en 2020 [9], et ce chiffre ne cesse de diminuer.

Cependant, les effets de ces politiques ne seront pas tous immédiats ; certains de ces effets ne seront mesurables que dans des années. Par conséquent, il faut prendre des mesures d’urgence pour répondre aux besoins des familles vivant en milieu rurale et limiter ainsi la décroissance démographique. Pour toutes ces raisons, Éric Zemmour propose une bourse à la naissance de 10 000 euros par enfant naissant en milieu rural.

La France pourra ainsi enfin bénéficier d’une politique réelle, complète et ambitieuse afin de sauver des millions de nos compatriotes, ignorés, méprisés et abandonnés par les politiques français depuis les années 1980.

Rafaël P.
Rédacteur

[1] Cette différence n’était de trois à quatre mois en 1990.

[2] Gros-Balthazard M., « À la découverte des territoires néo-industriels français », Géoconfluences, décembre 2019.

[3] En 1970, elles étaient 1 600 000, 490 000 en 2010 et 390 000 en 2020.

[4] https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/08/pres-de-20-des-agriculteurs-n-ont-degage-aucun-revenu-en-2017_6018444_3244.html

[5] Wendeln M., « Freiner ou accroître le Grand Paris ? La décentralisation industrielle à l’épreuve des faits, années 1930 – années 1970 », sur le site inventerlegrandaris.fr, 2015.

[6] Gros-Balthazard M., Op. Cit.  

[7] On comptait plus de 6 millions d’emplois industriels en 1960, contre 2 à 2,5 millions aujourd’hui.

[8] Sont exclus les espaces périurbains, à mi-distance entre les espaces ruraux et les villes.

[9] https://fr.statista.com/statistiques/473813/population-rurale-en-france/

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